Adolescence et cinéma
Psychiatrie Française Vol. 47, 1/16 .Décembre 2016
Tarif: 25 €
Ce numéro contient une dernière contribution de Jean-Gérald Veyrat qui reste ainsi présent parmi nous.
" On parle bien des lectures que l’on aime, c’est ainsi. À partir de là, il y a plusieurs manières d’envisager que tout n’est pas dit. L’éternelle adolescence des créateurs d’images et des passeurs de rêves n’en mérite pas moins, et depuis longtemps. Silke Schauder et Maurice Corcos en témoignent, nous livrant ici un ouvrage collectif qui ravira les cliniciens, cinéphiles ou pas (tout est possible). Et tant d’autres.
Un recueil suffisamment peu académique, en tout cas de nulle académie donnée (Giordano Bruno). Un kaléidoscope de textes reliés par des pellicules invisibles, tournoyant autour de la bobine magnétique psychopathologie-cinéma-psychanalyse. Une fantaisie à dix voix auto-qui de fait génère de l’espace analytique, en assumant le risque sauvage des interprétations (sans lequel il n’y aurait qu’à la fermer, s’en souvenir). Un rêve éveillé riche de transitions inventives, déployant la pensée en mots et en images, voilà qui est permis par l’audace des auteurs et leur sincérité démultipliée.
Ainsi, ce nouvel opus de l’excellente revue « Psychiatrie française » réaffirme avec subtilité et intensité que tout reste à dire, à condition de résister au non-créatif, à la pétrification, aux dogmes, à la frilosité.
Une dynamique visiblement destinée à ne pas s’arrêter là, pierre vive à l’édifice d’une érudition polyphonique pleine de saveurs. Un orchestre d’esprits de recherche faisant varier de pages en pages les angles au fil de leurs désirs de produire du sens, vertiges d’enfance très partagés avec leur lecteur…"
Analyses de livres par Christophe Paradas, Perspectives Psy 2017, 1, 56, 82-83.
Tarif: 25 €
Ce numéro contient une dernière contribution de Jean-Gérald Veyrat qui reste ainsi présent parmi nous.
" On parle bien des lectures que l’on aime, c’est ainsi. À partir de là, il y a plusieurs manières d’envisager que tout n’est pas dit. L’éternelle adolescence des créateurs d’images et des passeurs de rêves n’en mérite pas moins, et depuis longtemps. Silke Schauder et Maurice Corcos en témoignent, nous livrant ici un ouvrage collectif qui ravira les cliniciens, cinéphiles ou pas (tout est possible). Et tant d’autres.
Un recueil suffisamment peu académique, en tout cas de nulle académie donnée (Giordano Bruno). Un kaléidoscope de textes reliés par des pellicules invisibles, tournoyant autour de la bobine magnétique psychopathologie-cinéma-psychanalyse. Une fantaisie à dix voix auto-qui de fait génère de l’espace analytique, en assumant le risque sauvage des interprétations (sans lequel il n’y aurait qu’à la fermer, s’en souvenir). Un rêve éveillé riche de transitions inventives, déployant la pensée en mots et en images, voilà qui est permis par l’audace des auteurs et leur sincérité démultipliée.
Ainsi, ce nouvel opus de l’excellente revue « Psychiatrie française » réaffirme avec subtilité et intensité que tout reste à dire, à condition de résister au non-créatif, à la pétrification, aux dogmes, à la frilosité.
Une dynamique visiblement destinée à ne pas s’arrêter là, pierre vive à l’édifice d’une érudition polyphonique pleine de saveurs. Un orchestre d’esprits de recherche faisant varier de pages en pages les angles au fil de leurs désirs de produire du sens, vertiges d’enfance très partagés avec leur lecteur…"
Analyses de livres par Christophe Paradas, Perspectives Psy 2017, 1, 56, 82-83.
Entre leurs mains....la terre » (B. Chemama-Steiner)
Montauban: Ed Réciproqueseur de Montauban: Réciproques
Commander par le Bon de commande ci-joint, 20 €
Ouvrage collectif qui invite au partage des regards autour des œuvres de participants à l'Atelier Terre animé par Jacqueline Savy
« Entre leurs mains...la terre » est à plusieurs titres un ouvrage collectif.
Il y a d’abord cette aventure collective de l’Atelier Terre créé au FAM Lauragais de Mons par Jacqueline Savy. Une proposition simple y rassemblait des résidents autour d’une rencontre avec la terre, ce matériau sensible qu’on approche avec ses mains, directement, sans outils, bien avant tout regard. La terre mobilise immédiatement toute la gamme de la sensorialité tactile et donne libre cours à des réactions émotionnelles variées et variables tout au long du travail - qui vont de l'engluement désagréable à la maîtrise victorieuse d'une forme en passant par une douceur apaisante.
La sensorialité tactile n'est que rarement sollicitée. Elle fait appel à une mémoire très archaïque, préverbale, où sont inscrits de nombreux automatismes mais aussi de nombreux apprentissages. On doit probablement à cet archaïsme la sensation souvent évoquée de "matière vivante": la terre "répond" à sa mobilisation par le sujet sur un mode qu'on pourrait dire "animiste". Elle devient donc un support projectif privilégié et s’offre au surgissement des représentations, et alors au regard.
Dans ce parcours chargé d'impressions fugitives où affleurent les souvenirs, la personne sera tour à tour l'objet de terre qui paraît puis disparaît, mais aussi, par un mouvement inverse, le sujet qui le façonne en obtenant la maîtrise finale de la forme solidifiée. On peut penser que la forme aboutie portera la marque identitaire du sujet et les traces de ses échanges relationnels. Le processus ainsi mis en oeuvre, accompagné du regard attentif de l’art-thérapeute, est proche de celui qui accompagne la reconnaissance de soi dans le miroir, reconnaissance qui fonde l'appréhension de l'intégrité de soi et de son identité.
D'objets en objets un travail s'opère pour atteindre une série de représentations qui sont en elles-mêmes un soulagement par la mise à distance des impressions archaïques: représenter quelque chose ce n'est pas le vivre, et cela permet de se décoller d'un vécu parfois angoissant. Le « collectif » de l’atelier permet alors de passer d’un ressenti intime indicible à un vécu partageable dans l’échange des regards.
Les résidents se sont succédé au fil des années à l’atelier, réinventant à chaque fois leur rencontre avec la terre, créant des objets qui sont autant de traces de leur passage.
Jacqueline Savy a souhaité garder la mémoire de ces parcours et, en 1995, elle a installé, au seuil de l’atelier, le « Lieu de Mémoire » où chacun a pu déposer le ou les objets qu’il voulait partager avec les « autres », ceux de l’institution, accueillant éventuellement de nouveaux arrivants à l’atelier, et, au-delà, ceux qui viendraient « en visite ».
Le « Lieu de Mémoire » ouvrait ainsi le champ collectif du regard que l’on peut porter sur ces créations – et à toutes les questions qui se posent alors. Les oeuvres sont têtues pourvu qu’on les conserve : Elles gardent à jamais le mystère de l’intimité psychique qui les a produites. Pourrait-on alors parler d’une esthétique de l’intime ? Que pouvons-nous dire de ce que nous voyons ? Quel chemin intérieur parcourt celui qui regarde et peut-il le partager avec d’autres?
Répondre à ces questions est la nouvelle aventure collective tentée dans cet ouvrage par les auteurs des textes qui ont été sollicités. Ils ont « regardé » les oeuvres sans autre référence que l’oeuvre elle-même et ils ont bien voulu partager leur regard avec nous. Et si leurs origines professionnelles diverses sont perceptibles, leurs textes témoignent d’abord de leur rencontre personnelle avec des « objets » dont le statut esthétique est en question, mais l’efficacité sensible certaine ! Encore faut-il que l’intimité du « regardeur » trouve à s’ajuster à celle qui les a fait naître.
A vous maintenant, lecteur, de participer à ce collectif, en interrogeant votre propre regard au contact de ces images et des textes qui les entourent!
Béatrice Chemama-Steiner, janvier 2017
Commander par le Bon de commande ci-joint, 20 €
Ouvrage collectif qui invite au partage des regards autour des œuvres de participants à l'Atelier Terre animé par Jacqueline Savy
« Entre leurs mains...la terre » est à plusieurs titres un ouvrage collectif.
Il y a d’abord cette aventure collective de l’Atelier Terre créé au FAM Lauragais de Mons par Jacqueline Savy. Une proposition simple y rassemblait des résidents autour d’une rencontre avec la terre, ce matériau sensible qu’on approche avec ses mains, directement, sans outils, bien avant tout regard. La terre mobilise immédiatement toute la gamme de la sensorialité tactile et donne libre cours à des réactions émotionnelles variées et variables tout au long du travail - qui vont de l'engluement désagréable à la maîtrise victorieuse d'une forme en passant par une douceur apaisante.
La sensorialité tactile n'est que rarement sollicitée. Elle fait appel à une mémoire très archaïque, préverbale, où sont inscrits de nombreux automatismes mais aussi de nombreux apprentissages. On doit probablement à cet archaïsme la sensation souvent évoquée de "matière vivante": la terre "répond" à sa mobilisation par le sujet sur un mode qu'on pourrait dire "animiste". Elle devient donc un support projectif privilégié et s’offre au surgissement des représentations, et alors au regard.
Dans ce parcours chargé d'impressions fugitives où affleurent les souvenirs, la personne sera tour à tour l'objet de terre qui paraît puis disparaît, mais aussi, par un mouvement inverse, le sujet qui le façonne en obtenant la maîtrise finale de la forme solidifiée. On peut penser que la forme aboutie portera la marque identitaire du sujet et les traces de ses échanges relationnels. Le processus ainsi mis en oeuvre, accompagné du regard attentif de l’art-thérapeute, est proche de celui qui accompagne la reconnaissance de soi dans le miroir, reconnaissance qui fonde l'appréhension de l'intégrité de soi et de son identité.
D'objets en objets un travail s'opère pour atteindre une série de représentations qui sont en elles-mêmes un soulagement par la mise à distance des impressions archaïques: représenter quelque chose ce n'est pas le vivre, et cela permet de se décoller d'un vécu parfois angoissant. Le « collectif » de l’atelier permet alors de passer d’un ressenti intime indicible à un vécu partageable dans l’échange des regards.
Les résidents se sont succédé au fil des années à l’atelier, réinventant à chaque fois leur rencontre avec la terre, créant des objets qui sont autant de traces de leur passage.
Jacqueline Savy a souhaité garder la mémoire de ces parcours et, en 1995, elle a installé, au seuil de l’atelier, le « Lieu de Mémoire » où chacun a pu déposer le ou les objets qu’il voulait partager avec les « autres », ceux de l’institution, accueillant éventuellement de nouveaux arrivants à l’atelier, et, au-delà, ceux qui viendraient « en visite ».
Le « Lieu de Mémoire » ouvrait ainsi le champ collectif du regard que l’on peut porter sur ces créations – et à toutes les questions qui se posent alors. Les oeuvres sont têtues pourvu qu’on les conserve : Elles gardent à jamais le mystère de l’intimité psychique qui les a produites. Pourrait-on alors parler d’une esthétique de l’intime ? Que pouvons-nous dire de ce que nous voyons ? Quel chemin intérieur parcourt celui qui regarde et peut-il le partager avec d’autres?
Répondre à ces questions est la nouvelle aventure collective tentée dans cet ouvrage par les auteurs des textes qui ont été sollicités. Ils ont « regardé » les oeuvres sans autre référence que l’oeuvre elle-même et ils ont bien voulu partager leur regard avec nous. Et si leurs origines professionnelles diverses sont perceptibles, leurs textes témoignent d’abord de leur rencontre personnelle avec des « objets » dont le statut esthétique est en question, mais l’efficacité sensible certaine ! Encore faut-il que l’intimité du « regardeur » trouve à s’ajuster à celle qui les a fait naître.
A vous maintenant, lecteur, de participer à ce collectif, en interrogeant votre propre regard au contact de ces images et des textes qui les entourent!
Béatrice Chemama-Steiner, janvier 2017
La philosophie de l'art. Philippe Abensour
Éditions Ellipses, Coll. Apprendre à philosopher, 2016, 237 p.
Commander 12,00€
L’introduction donne le ton. Elle indique le principe retenu, à savoir une présentation chronologique de la philosophie de l’art de l’Antiquité à nos jours. Elle précise d’emblée son contenu, une réflexion à la fois sur la beauté et sur l’art.
Le choix chronologique permet de dessiner de nets repères. En voici quelques-uns.
Ainsi, l’Antiquité voit s’opposer une métaphysique de l’Idée du Beau avec Platon et une théorie de l’oeuvre avec Aristote. À la Renaissance apparaît la figure de l’artiste investi de privilèges. Au XVIIIe siècle, la question du goût implique tant la raison que la sensibilité. Ce siècle inscrit l’esthétique dans le champ de la philosophie et donne au plaisir esthétique un fondement universel. Par la suite, au XIXe siècle, Hegel créée une histoire de la philosophie de l’art. Elle sera suivie par le romantisme et au XXe siècle ce que l’on nomme la « modernité ». Pour fixer les idées, retenons déjà quelques traits saillants émaillant cette longue histoire : une métaphysique du la beauté avec Platon, au XVIIIe siècle l’esthétique en tant que discipline philosophique et avec Hegel une philosophie de l’art proprement dite.
Pour en développer le déroulement, Alexandre Abensour découpe son ouvrage en douze chapitre, chacun centré sur une période ou un auteur.
Parmi ces derniers, des noms apparaissent bien connus, tels Diderot ou Kant.
D’autres le sont moins. J’en donne deux exemples, sur lesquels je reviendrai. Pour l’Antiquité tardive du Ve siècle, j’ai noté un texte du Pseudo-Denys l’Aréopagite et, pour le classicisme du XVIIe, un autre extrait, celui d’un théoricien de cette période, André Félibien. Je précise que la construction méthodologique de chaque chapitre obéit à un principe unique : un exposé de la période ou de l’auteur précède la présentation d’un texte représentatif commenté.
À mes yeux, ce choix méthodologique confronte à trois obstacles que l’auteur a su habilement surmonter.
– I. Le premier tient à l’ampleur de la visée : présenter les réflexions sur la beauté et l’art se déroulant sur presque trois millénaires, de Platon et Aristote à Benjamin et Adorno, tout en rencontrant Voltaire et Freud. Proposer un champ aussi vaste en un peu plus de 200 pages pourrait porter le flanc à une critique de superficialité. Or, il n’en est rien. Bien au contraire, Abensour fait même parfois montre de son authentique érudition, tout en restant clair. À ce propos, je tournerai mon regard vers le chapitre intitulé « Théologie de la Beauté ». Certes, avec le Moyen-Âge, l’auteur rencontre les pensées célèbres de saint Augustin et de saint Thomas dont nous instruisait jadis notre maître Maurice de Gandillac. Cependant, il ne limite pas sa réflexion à ces hautes figures.
Il rappelle ce que fut la longue querelle (ou crise) de l’iconoclasme dans l’empire d’Orient. Abensour indique comment Jean Damascène (676-749) parvint à contourner l’interdit sur les images. En 730, Léon III avait censuré les « icones », pensant obéir au IIe commandement contenu dans L’Exode. Que fit Damascène ? Il s’appuya sur la distinction du platonisme et surtout du néoplatonisme de Plotin, entre bonne et mauvaise image. Expliquons-nous ! La mauvaise image, l’εἴδωλον (eidolon) exerce un pouvoir de fascination. Sa condamnation repose sur la possibilité de la confondre avec la réalité. À l’inverse, la bonne image, l’εἰκὠν (eikon) reconduit vers le modèle divin, sa forme, l’εἶδος (eidos). Abensour peut alors conclure ainsi : « …l’esthétique médiévale se fonde en grande partie sur une conception chrétienne de la beauté néoplatonicienne : ce que l’on peut résumer par l’expression de ”théologie esthétique de la lumière” » (p. 70). Il le montre en produisant un extrait du Pseudo-Denys l’Aréopagite ou l’Athénien. Je précise que cet auteur anonyme eut une influence considérable tant en Orient qu’en Occident, du Ve au XVIIe siècle. Des historiens modernes attribuent son oeuvre écrite entre 480 et 510 à un moine syrien.
– II. Voilà pour l’érudition, laquelle ne saurait résoudre un deuxième obstacle
éventuel, celui de l’option chronologique structurant tout l’ouvrage. En effet, isoler une période artistique ou une pensée esthétique expose au risque de réductionnisme historique. Je viens de rappeler l’influence plus que millénaire du Pseudo-Denys.
Cela vaut pour bien d’autres. L’auteur le sait bien et évite cet écueil en exposant à la fois la spécificité d’une période et son rayonnement sur d’autres. L’exposé sur le « classicisme » permet de le montrer. On identifierait à tort ce classicisme au seul XVIIe siècle. Alexandre Abensour rappelle qu’il prend sa source dans un vaste mouvement d’idées. Influencé par l’Antiquité, il part du XVe siècle italien et marque son sceau jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et au-delà, avec les premiers moments du romantisme, Rousseau, puis Goethe. « Le classicisme n’est pas cartésien : il est aristotélicien, horatien, cicéronien (entre autres). Il puise sa doctrine dans une relecture permanente des grands philosophes et rhéteurs antiques, qu’il utilise pour chercher à comprendre ce qu’il produit lui-même… » (p. 72).
Aristotélicien et cicéronien d’abord, puisqu’il emprunte à Aristote la bonne mimésis. L’artiste crée une « belle nature », un idéal naturel de la vie humaine.
Encore faudrait-il préciser que pour Aristote, les personnalités représentées dans la poésie tragique ne sauraient égaler la nature elle-même. L’art imite une nature qui maintient néanmoins sa supériorité. L’art imite le processus créatif de la nature.
Toutefois, l’artiste reste extérieur à son objet, alors que la nature crée dans l’immanence.
Il est aussi horatien. Ce qui s’applique à la poésie vaut pour les arts plastiques: l’esthétique classique compare les arts. Elle s’accorde avec la célèbre formule écrite par Horace dans son Art poétique : « ut pictura poesis », « la poésie comme la peinture ». En 1667, dans cet esprit comparatif, Charles de Fresnoy considère la peinture comme une poésie muette (muta poesis) et la poésie comme une peinture parlante (pictura loquens).
Nicolas Boileau (1636-1711) assume cet héritage antique tant dans ses Épitres que dans son Art poétique. Très clairement, il expose les exigences de symétrie, d’harmonie et d’ordre. Ces règles permettent d’accorder la recherche du beau avec celle du vrai. Toutefois, la nécessaire raison présente dans ces règles ne saurait suffire. Encore faut-il prendre en compte l’inspiration créatrice. À l’influence d’Aristote d’une beauté artistique comme idéal de la nature, vient s’associer une trace néoplatonicienne soufflant l’inspiration. Le rigorisme des règles classiques n’a pas enseveli un fond platonicien du libre créateur. En conséquence, Platon et Aristote se trouvent encore réunis au XVIIe siècle dans une pensée pourtant historiquement nouvelle.
Le montre un texte d’André Félibien (1619-1695). On considère cet ami de Poussin comme un théoricien du classicisme français. Que pense-t-il ? La beauté doit souscrire à un impératif réglé par la raison. Toutefois, il lui faut plus, à savoir une bien autre qualité : « la grâce ». Elle a ce pouvoir d’animer les affections et les sentiments. En dernière analyse, elle repose sur un « je ne sais quoi qui rend certaines personnes ou certains ouvrages plus agréables que d’autres qui sont néanmoins plus parfaits » (p. 82). La grâce procure une belle uniformité des mouvements intérieurs, à entendre comme le movere, ce qui émeut dans une oeuvre ou une personne. On le sent bien : une beauté bien proportionnée peut nous sembler froide ; pourvue de grâce, elle nous touche. Abensour commente subtilement le texte de Félibien et note encore ceci. L’expression « je ne sais quoi » parcourt tout le XVIIe siècle. Corneille en serait l’illustration dans son Médée : « Souvent, je ne sais quoi qu’on ne peut exprimer/Nous surprend, nous emporte et nous force d’aimer » (p. 84). Quant à la grâce, il suffit de se reporter à Jean de La Fontaine pour la rencontrer.
– III. La troisième difficulté possible porte non pas sur les périodes historiques distinguées, mais sur les auteurs choisis. Eu égard au peu d’espace dévolu à chacun d’entre eux, on risque de réduire leur pensée, faute de pouvoir référer l’esthétique ou la philosophie de l’art dont ils sont porteurs à l’ensemble de leur pensée philosophique. Or, en ce nouveau point, Abensour s’avère capable en quelques mots d’opérer le lien de cohérence entre les deux. Ainsi, il n’omet pas de mettre en perspective l’idéal du Beau platonicien exposé dans Le Banquet avec la recherche du Bien exposée dans La République. L’un et l’autre sont mus par un mouvement d’élévation du sensible vers l’intelligible. De même, pour Nietzsche, l’auteur prend soin d’inscrire les rapports d’Apollon et de Dionysos en rappelant les tournants importants de la philosophie de Nietzsche entre La Naissance de la tragédie (1870) et les traités de la fin des années 80.
Avec cette exigence, l’exposé sur Kant réussit à présenter son originalité esthétique en cohérence avec la critique kantienne dans son ensemble. Pour comprendre la troisième critique, il convient de rappeler l’évolution du sens du mot esthétique dans sa philosophie. On n’échappe pas non plus à la nécessité de préciser la différence faite par Kant entre entendement et raison.
Fort de ces rappels, Abensour peut présenter la conception esthétique de Kant dans sa troisième critique suivant une trilogie : le beau, le sublime et le génie. Le beau révise la pensée de Alexander Baumgarten. Le plaisir désintéressé que procure le libre jeu des facultés de connaissance repose sur la saisie de la forme par le sujet. Il s’oppose au plaisir négatif du sublime, résultant de la perception de l’informe, en précisant ce que Kant doit à Edmund Burke sur cette question. Quant à la théorie du génie l’essentiel repose sur la conception d’une nature qui donne ses règles à l’artiste et de son explication par l’Idée esthétique, représentation de l’imagination donnant à penser.
Abensour conclut : « l’irrationalité de l’art n’est donc pas contingente, ni mystérieuse. Elle se trouve fondée dans une opération interne à l’homme : une capacité à échapper à la pure détermination des jugements…) (p. 115).
Ainsi donc, les trois éventuels obstacles se dressant sur le chemin de la présentation de cette philosophie de l’art ont pu être surmontés. De plus, j’ajoute que l’objectif pédagogique de l’ouvrage a tout autant été honoré. Il prend en effet place dans une collection intitulée « Apprendre à philosopher ». Toutefois, la portée de son enseignement me semble largement excéder un seul public d’apprentis, philosophes ou autres. Alexandre Abensour a soigné son écriture et veillé à choisir ses nombreuses références. Il a tenu à parachever sa conception de la beauté et de l’art en complétant l’étude par un lexique aussi synthétique qu’éclairant. À titre d’exemples, on pourra lire un article sur une réflexion pérenne à propos de « Création/créateur » et un autre, à la teneur plus historique, sur les différents classements ayant présidé à la « Hiérarchie des arts ». En conséquence, à côté de la critique artistique et de l’histoire de l’art, l’ouvrage de l’auteur permet de saisir toute la légitimité d’une discipline spécifique intitulée « La philosophie de l’art ».
Jean-Philippe Catonné
Commander 12,00€
L’introduction donne le ton. Elle indique le principe retenu, à savoir une présentation chronologique de la philosophie de l’art de l’Antiquité à nos jours. Elle précise d’emblée son contenu, une réflexion à la fois sur la beauté et sur l’art.
Le choix chronologique permet de dessiner de nets repères. En voici quelques-uns.
Ainsi, l’Antiquité voit s’opposer une métaphysique de l’Idée du Beau avec Platon et une théorie de l’oeuvre avec Aristote. À la Renaissance apparaît la figure de l’artiste investi de privilèges. Au XVIIIe siècle, la question du goût implique tant la raison que la sensibilité. Ce siècle inscrit l’esthétique dans le champ de la philosophie et donne au plaisir esthétique un fondement universel. Par la suite, au XIXe siècle, Hegel créée une histoire de la philosophie de l’art. Elle sera suivie par le romantisme et au XXe siècle ce que l’on nomme la « modernité ». Pour fixer les idées, retenons déjà quelques traits saillants émaillant cette longue histoire : une métaphysique du la beauté avec Platon, au XVIIIe siècle l’esthétique en tant que discipline philosophique et avec Hegel une philosophie de l’art proprement dite.
Pour en développer le déroulement, Alexandre Abensour découpe son ouvrage en douze chapitre, chacun centré sur une période ou un auteur.
Parmi ces derniers, des noms apparaissent bien connus, tels Diderot ou Kant.
D’autres le sont moins. J’en donne deux exemples, sur lesquels je reviendrai. Pour l’Antiquité tardive du Ve siècle, j’ai noté un texte du Pseudo-Denys l’Aréopagite et, pour le classicisme du XVIIe, un autre extrait, celui d’un théoricien de cette période, André Félibien. Je précise que la construction méthodologique de chaque chapitre obéit à un principe unique : un exposé de la période ou de l’auteur précède la présentation d’un texte représentatif commenté.
À mes yeux, ce choix méthodologique confronte à trois obstacles que l’auteur a su habilement surmonter.
– I. Le premier tient à l’ampleur de la visée : présenter les réflexions sur la beauté et l’art se déroulant sur presque trois millénaires, de Platon et Aristote à Benjamin et Adorno, tout en rencontrant Voltaire et Freud. Proposer un champ aussi vaste en un peu plus de 200 pages pourrait porter le flanc à une critique de superficialité. Or, il n’en est rien. Bien au contraire, Abensour fait même parfois montre de son authentique érudition, tout en restant clair. À ce propos, je tournerai mon regard vers le chapitre intitulé « Théologie de la Beauté ». Certes, avec le Moyen-Âge, l’auteur rencontre les pensées célèbres de saint Augustin et de saint Thomas dont nous instruisait jadis notre maître Maurice de Gandillac. Cependant, il ne limite pas sa réflexion à ces hautes figures.
Il rappelle ce que fut la longue querelle (ou crise) de l’iconoclasme dans l’empire d’Orient. Abensour indique comment Jean Damascène (676-749) parvint à contourner l’interdit sur les images. En 730, Léon III avait censuré les « icones », pensant obéir au IIe commandement contenu dans L’Exode. Que fit Damascène ? Il s’appuya sur la distinction du platonisme et surtout du néoplatonisme de Plotin, entre bonne et mauvaise image. Expliquons-nous ! La mauvaise image, l’εἴδωλον (eidolon) exerce un pouvoir de fascination. Sa condamnation repose sur la possibilité de la confondre avec la réalité. À l’inverse, la bonne image, l’εἰκὠν (eikon) reconduit vers le modèle divin, sa forme, l’εἶδος (eidos). Abensour peut alors conclure ainsi : « …l’esthétique médiévale se fonde en grande partie sur une conception chrétienne de la beauté néoplatonicienne : ce que l’on peut résumer par l’expression de ”théologie esthétique de la lumière” » (p. 70). Il le montre en produisant un extrait du Pseudo-Denys l’Aréopagite ou l’Athénien. Je précise que cet auteur anonyme eut une influence considérable tant en Orient qu’en Occident, du Ve au XVIIe siècle. Des historiens modernes attribuent son oeuvre écrite entre 480 et 510 à un moine syrien.
– II. Voilà pour l’érudition, laquelle ne saurait résoudre un deuxième obstacle
éventuel, celui de l’option chronologique structurant tout l’ouvrage. En effet, isoler une période artistique ou une pensée esthétique expose au risque de réductionnisme historique. Je viens de rappeler l’influence plus que millénaire du Pseudo-Denys.
Cela vaut pour bien d’autres. L’auteur le sait bien et évite cet écueil en exposant à la fois la spécificité d’une période et son rayonnement sur d’autres. L’exposé sur le « classicisme » permet de le montrer. On identifierait à tort ce classicisme au seul XVIIe siècle. Alexandre Abensour rappelle qu’il prend sa source dans un vaste mouvement d’idées. Influencé par l’Antiquité, il part du XVe siècle italien et marque son sceau jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et au-delà, avec les premiers moments du romantisme, Rousseau, puis Goethe. « Le classicisme n’est pas cartésien : il est aristotélicien, horatien, cicéronien (entre autres). Il puise sa doctrine dans une relecture permanente des grands philosophes et rhéteurs antiques, qu’il utilise pour chercher à comprendre ce qu’il produit lui-même… » (p. 72).
Aristotélicien et cicéronien d’abord, puisqu’il emprunte à Aristote la bonne mimésis. L’artiste crée une « belle nature », un idéal naturel de la vie humaine.
Encore faudrait-il préciser que pour Aristote, les personnalités représentées dans la poésie tragique ne sauraient égaler la nature elle-même. L’art imite une nature qui maintient néanmoins sa supériorité. L’art imite le processus créatif de la nature.
Toutefois, l’artiste reste extérieur à son objet, alors que la nature crée dans l’immanence.
Il est aussi horatien. Ce qui s’applique à la poésie vaut pour les arts plastiques: l’esthétique classique compare les arts. Elle s’accorde avec la célèbre formule écrite par Horace dans son Art poétique : « ut pictura poesis », « la poésie comme la peinture ». En 1667, dans cet esprit comparatif, Charles de Fresnoy considère la peinture comme une poésie muette (muta poesis) et la poésie comme une peinture parlante (pictura loquens).
Nicolas Boileau (1636-1711) assume cet héritage antique tant dans ses Épitres que dans son Art poétique. Très clairement, il expose les exigences de symétrie, d’harmonie et d’ordre. Ces règles permettent d’accorder la recherche du beau avec celle du vrai. Toutefois, la nécessaire raison présente dans ces règles ne saurait suffire. Encore faut-il prendre en compte l’inspiration créatrice. À l’influence d’Aristote d’une beauté artistique comme idéal de la nature, vient s’associer une trace néoplatonicienne soufflant l’inspiration. Le rigorisme des règles classiques n’a pas enseveli un fond platonicien du libre créateur. En conséquence, Platon et Aristote se trouvent encore réunis au XVIIe siècle dans une pensée pourtant historiquement nouvelle.
Le montre un texte d’André Félibien (1619-1695). On considère cet ami de Poussin comme un théoricien du classicisme français. Que pense-t-il ? La beauté doit souscrire à un impératif réglé par la raison. Toutefois, il lui faut plus, à savoir une bien autre qualité : « la grâce ». Elle a ce pouvoir d’animer les affections et les sentiments. En dernière analyse, elle repose sur un « je ne sais quoi qui rend certaines personnes ou certains ouvrages plus agréables que d’autres qui sont néanmoins plus parfaits » (p. 82). La grâce procure une belle uniformité des mouvements intérieurs, à entendre comme le movere, ce qui émeut dans une oeuvre ou une personne. On le sent bien : une beauté bien proportionnée peut nous sembler froide ; pourvue de grâce, elle nous touche. Abensour commente subtilement le texte de Félibien et note encore ceci. L’expression « je ne sais quoi » parcourt tout le XVIIe siècle. Corneille en serait l’illustration dans son Médée : « Souvent, je ne sais quoi qu’on ne peut exprimer/Nous surprend, nous emporte et nous force d’aimer » (p. 84). Quant à la grâce, il suffit de se reporter à Jean de La Fontaine pour la rencontrer.
– III. La troisième difficulté possible porte non pas sur les périodes historiques distinguées, mais sur les auteurs choisis. Eu égard au peu d’espace dévolu à chacun d’entre eux, on risque de réduire leur pensée, faute de pouvoir référer l’esthétique ou la philosophie de l’art dont ils sont porteurs à l’ensemble de leur pensée philosophique. Or, en ce nouveau point, Abensour s’avère capable en quelques mots d’opérer le lien de cohérence entre les deux. Ainsi, il n’omet pas de mettre en perspective l’idéal du Beau platonicien exposé dans Le Banquet avec la recherche du Bien exposée dans La République. L’un et l’autre sont mus par un mouvement d’élévation du sensible vers l’intelligible. De même, pour Nietzsche, l’auteur prend soin d’inscrire les rapports d’Apollon et de Dionysos en rappelant les tournants importants de la philosophie de Nietzsche entre La Naissance de la tragédie (1870) et les traités de la fin des années 80.
Avec cette exigence, l’exposé sur Kant réussit à présenter son originalité esthétique en cohérence avec la critique kantienne dans son ensemble. Pour comprendre la troisième critique, il convient de rappeler l’évolution du sens du mot esthétique dans sa philosophie. On n’échappe pas non plus à la nécessité de préciser la différence faite par Kant entre entendement et raison.
Fort de ces rappels, Abensour peut présenter la conception esthétique de Kant dans sa troisième critique suivant une trilogie : le beau, le sublime et le génie. Le beau révise la pensée de Alexander Baumgarten. Le plaisir désintéressé que procure le libre jeu des facultés de connaissance repose sur la saisie de la forme par le sujet. Il s’oppose au plaisir négatif du sublime, résultant de la perception de l’informe, en précisant ce que Kant doit à Edmund Burke sur cette question. Quant à la théorie du génie l’essentiel repose sur la conception d’une nature qui donne ses règles à l’artiste et de son explication par l’Idée esthétique, représentation de l’imagination donnant à penser.
Abensour conclut : « l’irrationalité de l’art n’est donc pas contingente, ni mystérieuse. Elle se trouve fondée dans une opération interne à l’homme : une capacité à échapper à la pure détermination des jugements…) (p. 115).
Ainsi donc, les trois éventuels obstacles se dressant sur le chemin de la présentation de cette philosophie de l’art ont pu être surmontés. De plus, j’ajoute que l’objectif pédagogique de l’ouvrage a tout autant été honoré. Il prend en effet place dans une collection intitulée « Apprendre à philosopher ». Toutefois, la portée de son enseignement me semble largement excéder un seul public d’apprentis, philosophes ou autres. Alexandre Abensour a soigné son écriture et veillé à choisir ses nombreuses références. Il a tenu à parachever sa conception de la beauté et de l’art en complétant l’étude par un lexique aussi synthétique qu’éclairant. À titre d’exemples, on pourra lire un article sur une réflexion pérenne à propos de « Création/créateur » et un autre, à la teneur plus historique, sur les différents classements ayant présidé à la « Hiérarchie des arts ». En conséquence, à côté de la critique artistique et de l’histoire de l’art, l’ouvrage de l’auteur permet de saisir toute la légitimité d’une discipline spécifique intitulée « La philosophie de l’art ».
Jean-Philippe Catonné
Art-thérapie au pays d'Alzheimer. Soigner autrement les maladies de mémoire. Henryka Lesniewska
Chronique Sociale, nov 2015
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Préface de Jean Luc Sudres.
Il faut un certain courage pour aller dans un service de gérontologie affronter un ennemi implacable: la maladie d'Alzheimer et ces autres démences qui atteignent de nombreuses personnes âgées. Ce courage, Henryka Lesniewska l'a soutenu pendant une expérience de vingt cinq années de prise en charge de ces maladies de la mémoire grâce à refus obstiné de s'en tenir à l'envahissement de l'observation par le handicap. Elle ne l'ignore pourtant pas et en fait le centre des évaluations qui jalonnent son travail. Mais sa recherche permanente est d'aller déterrer la vie et son expression créative partout où elle se cache en lui offrant toutes sortes de dispositifs pour se manifester. Et non seulement elle nous en fait partager les résultats par l'exposé de différents cas cliniques richement illustrés, mais elle nous donne également les outils qu'elle a pu forger dans sa longue pratique. Sans compter une bibliographie de dix pages ( ... !) qui parcourt l'histoire de la psychopathologie de l'expression et celle de l'art-thérapie. Elle nous démontre ainsi que, certes il faut du courage, mais que nous ne sommes pas complètement désarmés et que les résultats sont au bout du chemin avec de vrais bonheurs - et encore d'autres questions qu'elle ne néglige pas : qu'en est-il de l'art, de l'esthétique, qu'en est-il de la « conduite » de l'atelier, de l'exposition voire de la vente des œuvres créées ? De belles questions qui témoignent qu'on a quitté la seule question du handicap.
Béatrice Chemama-Steiner
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Préface de Jean Luc Sudres.
Il faut un certain courage pour aller dans un service de gérontologie affronter un ennemi implacable: la maladie d'Alzheimer et ces autres démences qui atteignent de nombreuses personnes âgées. Ce courage, Henryka Lesniewska l'a soutenu pendant une expérience de vingt cinq années de prise en charge de ces maladies de la mémoire grâce à refus obstiné de s'en tenir à l'envahissement de l'observation par le handicap. Elle ne l'ignore pourtant pas et en fait le centre des évaluations qui jalonnent son travail. Mais sa recherche permanente est d'aller déterrer la vie et son expression créative partout où elle se cache en lui offrant toutes sortes de dispositifs pour se manifester. Et non seulement elle nous en fait partager les résultats par l'exposé de différents cas cliniques richement illustrés, mais elle nous donne également les outils qu'elle a pu forger dans sa longue pratique. Sans compter une bibliographie de dix pages ( ... !) qui parcourt l'histoire de la psychopathologie de l'expression et celle de l'art-thérapie. Elle nous démontre ainsi que, certes il faut du courage, mais que nous ne sommes pas complètement désarmés et que les résultats sont au bout du chemin avec de vrais bonheurs - et encore d'autres questions qu'elle ne néglige pas : qu'en est-il de l'art, de l'esthétique, qu'en est-il de la « conduite » de l'atelier, de l'exposition voire de la vente des œuvres créées ? De belles questions qui témoignent qu'on a quitté la seule question du handicap.
Béatrice Chemama-Steiner
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Monstres contemporains. Médecine, société et psychanalyse Céline Masson & Catherine Desprats-Péquignot (Eds.)
Ed. InPress, Coll. psychanalyse et création
Commander 21.00 €
Où en est-on presque 200 ans après l'écriture du roman éponyme de Mary Shelley et la création du monstre de Frankenstein? A quelle démesure (hubris), à quel bouleversement de normes notre époque travaille-t-elle et fait-elle face tant du point de vue de la science que des arts ?
Il est intéressant de rappeler que monstre, « la chose incroyable » vient du latin monstrum et signifie « prodige montrant la volonté de dieu », de monere « faire penser à; faire se souvenir » et donnera monument, « ce qui rappelle le souvenir ». L'étymologie vient de la racine indo-européenne men- qui indique les mouvements de l'esprit (Dict. des racines des langues européennes).
L'homme n'a cessé de représenter des monstres, d'imaginer du monstrueux, puis avec l'essor de la science a cherché à reproduire et produire des monstruosités, des formes monstrueuses, d'ajouter des formes hors normes à celles imaginées ou à celles perçues dans la nature.
Le fil rouge de cet ouvrage collectif, c'est la question du corps (créé) en scène, d'un donné à voir dans l'actuel de ces figures créées sur la scène contemporaine, que ce soit par les artistes qui témoignent des pratiques de la science ou par les pratiques actuelles de la médecine qui réinterrogent le vivant. Et les formes du vivant. Donc notre réflexion est véritablement à l'articulation de la création artistique, des nouvelles formes de médecine et de la psychanalyse.
Céline Masson. Ecrit le 06.10.2015
Commander 21.00 €
Où en est-on presque 200 ans après l'écriture du roman éponyme de Mary Shelley et la création du monstre de Frankenstein? A quelle démesure (hubris), à quel bouleversement de normes notre époque travaille-t-elle et fait-elle face tant du point de vue de la science que des arts ?
Il est intéressant de rappeler que monstre, « la chose incroyable » vient du latin monstrum et signifie « prodige montrant la volonté de dieu », de monere « faire penser à; faire se souvenir » et donnera monument, « ce qui rappelle le souvenir ». L'étymologie vient de la racine indo-européenne men- qui indique les mouvements de l'esprit (Dict. des racines des langues européennes).
L'homme n'a cessé de représenter des monstres, d'imaginer du monstrueux, puis avec l'essor de la science a cherché à reproduire et produire des monstruosités, des formes monstrueuses, d'ajouter des formes hors normes à celles imaginées ou à celles perçues dans la nature.
Le fil rouge de cet ouvrage collectif, c'est la question du corps (créé) en scène, d'un donné à voir dans l'actuel de ces figures créées sur la scène contemporaine, que ce soit par les artistes qui témoignent des pratiques de la science ou par les pratiques actuelles de la médecine qui réinterrogent le vivant. Et les formes du vivant. Donc notre réflexion est véritablement à l'articulation de la création artistique, des nouvelles formes de médecine et de la psychanalyse.
Céline Masson. Ecrit le 06.10.2015
Les médiations thérapeutiques par l'art. Le Réel en jeu. Frédéric Vinot et Jean-Michel Vivès (Eds.)
Ed Erès, 2014
Commander par article ou Commander l'ouvrage 18,00 €
Maîtres de conférence, Professeurs de psychologie clinique à Nice, et psychanalystes, les coordinateurs de ce livre stimulant ont réuni une pléiade d'auteurs confirmés venus d'horizons divers (de Paul-Laurent Assoun à Silke Schauder en passant par Céline Masson, François Sauvagnat, et d'autres encore). Tous nous livrent, chacun à sa manière, mieux qu'une compilation, autrement qu'un énième manuel, une nouvelle façon d'aborder le sujet. Celui-là même qui ici et là nous concerne tant, nous mobilise jour après jour, seuls, ensemble, plus ou moins regroupés, en institutions ou pas. Un recueil complémentaire des autres donc, et singulier, car animé par un souffle qui n'hésite pas à faire varier les opinions, à interroger les savoirs, à jouer avec les références, à changer de discours. Un style de travail donc, s'inspirant du « Réel en jeu » même, qui nous (re)met le cœur à l'ouvrage, un besoin incontournable. Un exercice d'écritures traversé par les possibilités de symbolisation dont il traite respectueusement, jusqu'aux rives étrangement familières de ce qui échappe au symbolique : Cette dimension centrale de la rencontre médiatisée par l'art, le dit Réel (Ah, Lacan et ses majuscules inspirantes, surtout quand elles ne se contentent pas du dogme !). Une problématique en jeu qui, du côté du sujet créateur-sujet de sa créativité, ne cherche pas seulement à s'exprimer (prime-s'exe), mais à produire quelque chose, y compris dans le presque rien, en ne cherchant pas à réduire l'inconnu au connu, suivant le conseil avisé du maître Antonin Artaud. Les « médiations thérapeutiques par l'art » ? A condition de ne pas verser dans l'idéologie mais à proposer, tel l'artisan au quotidien, un travail polyphonique ancré dans le possible. Voilà ce qu'ont tenté avec succès les auteurs au fil des pages : redessiner les fondements d'une approche post-pluri-lacanienne en consacrant le concept de Réel, non pas sur l'autel des théorisations obscures, mais en tant que pivot pratique des espaces artistiques étudiés (musique, théâtre, marionnettes, écriture)... En évitant de viser trop explicitement la sacro-sainte dimension thérapeutique.
On l'aura compris, au-delà des bénéfices supposés de telles aires transitionnelles, il est ici question de la place cruciale du mystère et de l'impossible dans l'expérience artistique, sous toutes ses/leurs formes. Révéler et voiler le Réel en même temps ? Des articulations du symptôme aux enjeux « invocants » des médiations utilisant la créativité. Au sens où « la subjectivation repose sur « l'énigme sans cesse relancée et relançante d'un impossible dans le rapport du sujet à lui-même ». D'où la féconde utilité de quitter ses tours d'ivoire sans oublier de rediscuter le vocable hybride d'« art-thérapie », sans tabou, ni préjugé. Quitte à oser faire rupture et dans le meilleur des cas ouverture, face aux sutures du symptôme, aux dérives psychologisantes, aux illusoires causalités linéaires, aux curieuses tentatives de dompter l'indomptable : « Ni prévision, ni prévention, ni contention, la rencontre suppose avant tout de se risquer à l'inconnu ». Dont acte.
Dr Christophe Paradas. Ecrit le 15.04.2015
Commander par article ou Commander l'ouvrage 18,00 €
Maîtres de conférence, Professeurs de psychologie clinique à Nice, et psychanalystes, les coordinateurs de ce livre stimulant ont réuni une pléiade d'auteurs confirmés venus d'horizons divers (de Paul-Laurent Assoun à Silke Schauder en passant par Céline Masson, François Sauvagnat, et d'autres encore). Tous nous livrent, chacun à sa manière, mieux qu'une compilation, autrement qu'un énième manuel, une nouvelle façon d'aborder le sujet. Celui-là même qui ici et là nous concerne tant, nous mobilise jour après jour, seuls, ensemble, plus ou moins regroupés, en institutions ou pas. Un recueil complémentaire des autres donc, et singulier, car animé par un souffle qui n'hésite pas à faire varier les opinions, à interroger les savoirs, à jouer avec les références, à changer de discours. Un style de travail donc, s'inspirant du « Réel en jeu » même, qui nous (re)met le cœur à l'ouvrage, un besoin incontournable. Un exercice d'écritures traversé par les possibilités de symbolisation dont il traite respectueusement, jusqu'aux rives étrangement familières de ce qui échappe au symbolique : Cette dimension centrale de la rencontre médiatisée par l'art, le dit Réel (Ah, Lacan et ses majuscules inspirantes, surtout quand elles ne se contentent pas du dogme !). Une problématique en jeu qui, du côté du sujet créateur-sujet de sa créativité, ne cherche pas seulement à s'exprimer (prime-s'exe), mais à produire quelque chose, y compris dans le presque rien, en ne cherchant pas à réduire l'inconnu au connu, suivant le conseil avisé du maître Antonin Artaud. Les « médiations thérapeutiques par l'art » ? A condition de ne pas verser dans l'idéologie mais à proposer, tel l'artisan au quotidien, un travail polyphonique ancré dans le possible. Voilà ce qu'ont tenté avec succès les auteurs au fil des pages : redessiner les fondements d'une approche post-pluri-lacanienne en consacrant le concept de Réel, non pas sur l'autel des théorisations obscures, mais en tant que pivot pratique des espaces artistiques étudiés (musique, théâtre, marionnettes, écriture)... En évitant de viser trop explicitement la sacro-sainte dimension thérapeutique.
On l'aura compris, au-delà des bénéfices supposés de telles aires transitionnelles, il est ici question de la place cruciale du mystère et de l'impossible dans l'expérience artistique, sous toutes ses/leurs formes. Révéler et voiler le Réel en même temps ? Des articulations du symptôme aux enjeux « invocants » des médiations utilisant la créativité. Au sens où « la subjectivation repose sur « l'énigme sans cesse relancée et relançante d'un impossible dans le rapport du sujet à lui-même ». D'où la féconde utilité de quitter ses tours d'ivoire sans oublier de rediscuter le vocable hybride d'« art-thérapie », sans tabou, ni préjugé. Quitte à oser faire rupture et dans le meilleur des cas ouverture, face aux sutures du symptôme, aux dérives psychologisantes, aux illusoires causalités linéaires, aux curieuses tentatives de dompter l'indomptable : « Ni prévision, ni prévention, ni contention, la rencontre suppose avant tout de se risquer à l'inconnu ». Dont acte.
Dr Christophe Paradas. Ecrit le 15.04.2015
La cause de l'autiste. Jean-Pierre Royol
L'Harmattan, novembre 2013, 42 p.
Commander 11,99 € ou Version numérique 8,49 €
En quelques pages concises et efficaces, Jean Pierre Royol nous met au cœur de la relation des « autistes » avec le monde : « les autistes s'intéressent à ce que nous ne voyons plus ». Et ils prennent le langage au mot, mot-vérité, celui des rêves de nos nuits, dans ce travail psychique qu'ils font, eux, le jour et qui alimente une créativité à reconnaître avant tout. Un regard qui n'est pas une désignation. Une prise en compte «humaine », une réflexion utile à tous ceux qui ont à accueillir les enfants et leurs parents - et montre l'apport de la psychanalyse quand l'écoute reste fidèle à son éthique.
Béatrice Chemama-Steiner. Ecrit le 29.04.2014
Commander 11,99 € ou Version numérique 8,49 €
En quelques pages concises et efficaces, Jean Pierre Royol nous met au cœur de la relation des « autistes » avec le monde : « les autistes s'intéressent à ce que nous ne voyons plus ». Et ils prennent le langage au mot, mot-vérité, celui des rêves de nos nuits, dans ce travail psychique qu'ils font, eux, le jour et qui alimente une créativité à reconnaître avant tout. Un regard qui n'est pas une désignation. Une prise en compte «humaine », une réflexion utile à tous ceux qui ont à accueillir les enfants et leurs parents - et montre l'apport de la psychanalyse quand l'écoute reste fidèle à son éthique.
Béatrice Chemama-Steiner. Ecrit le 29.04.2014
Rainer Maria Rilke. Inventaire - Ouvertures. Michel Itty & Silke Schauder (Eds.)
Lille: Presses Universitaires du Septentrion, 2013, 501 p.
Commander 34 €
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Silke Schauder et Michel Itty ont réuni pour nous des « voix plurielles » qui, lors du Colloque du Centre Culturel International de Cerisy en 2009, ont rendu hommage à « l'œuvre protéiforme » du grand poète. Ensemble complexe, interdisciplinaire, comprenant douze sections thématiques - puisque Rainer Maria Rilke était aussi critique d'art, essayiste, traducteur, homme de théâtre. Aussi sa correspondance est-elle une mine inépuisable : dialogues poursuivis toute une vie durant avec des figures telles que Lou Andréa Salomé ou Sidonie Nadherny von Borutin, ces écritures interposées ayant contribué sans doute à fonder « le lieu de l'ébauche créatrice ».
Mais ce que ce livre illustré nous raconte aussi c'est l'histoire d'un homme au tournant du siècle (1875-1926), citoyen avant la lettre de l'Europe qu'il parcourue en tous sens au milieu de ses bouleversements, partagé entre ses passions, ses rencontres avec les plus grandes figures de son temps, et son désir d'une solitude indispensable à sa création personnelle. Un homme pour qui le regard primait, un homme « qui vivait par ses yeux ». L'œuvre de Rilke est celle d'un « voyageur » qui se construit entre des pays, des langues, des femmes...
Silke Schauder nous offre à cette occasion une réflexion sur la traduction de la « Panthère » dont elle nous présente plusieurs exemples. Outre qu'elle souligne l'irréductible écart de toute traduction, elle nous montre comment les options de traduction sont aussi des modalités d'analyse d'une œuvre avec leurs différents niveaux. Repères précieux pour aborder la création poétique...
Le titre de l'ouvrage l'avait annoncé : Inventaire et ouvertures. Le colloque ayant réuni trente-cinq spécialistes venant de huit pays, toute sa richesse nous est ainsi restituée, mêlant analyse, recherche universitaire et interviews avec des artistes, acteurs et cinéastes qui ont choisi de faire œuvre à partir de Rainer Maria Rilke.
B. Chemama-Steiner. Ecrit le 18.02.2014
Bon de commande en PJ
Page personnelle de S. Schauder sur notre site
Mais ce que ce livre illustré nous raconte aussi c'est l'histoire d'un homme au tournant du siècle (1875-1926), citoyen avant la lettre de l'Europe qu'il parcourue en tous sens au milieu de ses bouleversements, partagé entre ses passions, ses rencontres avec les plus grandes figures de son temps, et son désir d'une solitude indispensable à sa création personnelle. Un homme pour qui le regard primait, un homme « qui vivait par ses yeux ». L'œuvre de Rilke est celle d'un « voyageur » qui se construit entre des pays, des langues, des femmes...
Silke Schauder nous offre à cette occasion une réflexion sur la traduction de la « Panthère » dont elle nous présente plusieurs exemples. Outre qu'elle souligne l'irréductible écart de toute traduction, elle nous montre comment les options de traduction sont aussi des modalités d'analyse d'une œuvre avec leurs différents niveaux. Repères précieux pour aborder la création poétique...
Le titre de l'ouvrage l'avait annoncé : Inventaire et ouvertures. Le colloque ayant réuni trente-cinq spécialistes venant de huit pays, toute sa richesse nous est ainsi restituée, mêlant analyse, recherche universitaire et interviews avec des artistes, acteurs et cinéastes qui ont choisi de faire œuvre à partir de Rainer Maria Rilke.
B. Chemama-Steiner. Ecrit le 18.02.2014
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Scènes d'une cure ordinaire. Jean Pierre Klein
Ed. HD
Commander 17 €
Les membres de la SFPE-AT connaissent bien l'auteur multidoué, qui participa jadis à nombre de nos réunions, écrivit dans un livre « CE QUE NE DEVAIT PAS ÊTRE » l'art-thérapie, créa l'INECAT formateur, et fut aussi écrivain -et parfois acteur- de théâtre.
Ici, c'est de ce qu'on pourrait nommer « CE QU'IL NE FAUT PAS FAIRE » dans une cure analytique, qu'il s'agit, et bien sûr, d'une cure « extra» ordinaire.
On assiste en effet à une caricature d'analyse Lacanienne, par un psychiatre hospitalier à temps partiel, se trouvant au cœur d'un quatuor pervers composé également d'une universitaire professeur de lettres et de son ancienne élève faisant une thèse sur « Les liaisons dangereuses », ainsi que d'un chercheur en sociologie compagnon de la précédente et dirigé vers l'analyste par la première.
Dans ce roman intelligent dans lequel chaque mot compte, on voit ensuite, surtout dans l'adaptation théâtrale du roman, que l'auteur propose, toutes les lignes de force, toutes les répliques qui font mouche, tout le malaise s'installer au cœur de cette pathologie systémique.
Jean Gérald Veyrat. Ecrit le 01.10.2013
Commander 17 €
Les membres de la SFPE-AT connaissent bien l'auteur multidoué, qui participa jadis à nombre de nos réunions, écrivit dans un livre « CE QUE NE DEVAIT PAS ÊTRE » l'art-thérapie, créa l'INECAT formateur, et fut aussi écrivain -et parfois acteur- de théâtre.
Ici, c'est de ce qu'on pourrait nommer « CE QU'IL NE FAUT PAS FAIRE » dans une cure analytique, qu'il s'agit, et bien sûr, d'une cure « extra» ordinaire.
On assiste en effet à une caricature d'analyse Lacanienne, par un psychiatre hospitalier à temps partiel, se trouvant au cœur d'un quatuor pervers composé également d'une universitaire professeur de lettres et de son ancienne élève faisant une thèse sur « Les liaisons dangereuses », ainsi que d'un chercheur en sociologie compagnon de la précédente et dirigé vers l'analyste par la première.
Dans ce roman intelligent dans lequel chaque mot compte, on voit ensuite, surtout dans l'adaptation théâtrale du roman, que l'auteur propose, toutes les lignes de force, toutes les répliques qui font mouche, tout le malaise s'installer au cœur de cette pathologie systémique.
Jean Gérald Veyrat. Ecrit le 01.10.2013
Les mystères de l'art - Esthétique et psychanalyse. Christophe Paradas
Odile Jacob, 2012
Commander Broché 30,90 € e-book 18,99 €
Lorsqu'on aborde cet ouvrage, on est d'abord saisi d'appréhension devant ce monument de près de 300 pages avec une bibliographie de près de 400 références.
Mais, lorsqu'on s'y plonge, on est frappé de la richesse de ces textes, de l'intelligence de ces citations, de la variété de ces chapitres, allant des « scènes de la vie conjugale » d' Ingmar Bergman, à Proust « au grand Hôtel de Balbec », de Beethoven à Bizet, à Wagner, ou encore des « jeux de l'enfance dans l'écriture d'Albert Camus », à « la peinture en train de se faire » chez Rembrandt...
Et il ne s'agit nullement d'une énumération fortuite, hétéroclite, mais d'une visite guidée selon les associations d'idées de l'auteur. On a d'ailleurs pu se rendre compte de cette richesse lors de sa communication sur Venise lors des dernières Journées d'Automne, sur le thème général du « Ravissement ».
Je partage aussi son goût pour le transdisciplinaire, qui ressort lorsqu'il passe de la passion de Freud pour les arts, de Malraux pour son « musée imaginaire » (tout en le taxant de « fétichiste collectionneur d'objets contraphobiques »), de Picasso pour l'art africain et les « Mohaï » de l'île de Pâques, du tandem Leiris-Griaule pour les dogons etc.
Et l'auteur se met lui-même en question en discutant de la psychanalyse appliquée aux artistes ou aux œuvres, lorsqu'il parle du « psychobiographe, profanateur de sépulture », des « mises en perspective psychologisantes qui hérissaient déjà les poils de Proust », ou encore de Freud qui concluait : « La vérité biographique reste inaccessible ».
Commander Broché 30,90 € e-book 18,99 €
Lorsqu'on aborde cet ouvrage, on est d'abord saisi d'appréhension devant ce monument de près de 300 pages avec une bibliographie de près de 400 références.
Mais, lorsqu'on s'y plonge, on est frappé de la richesse de ces textes, de l'intelligence de ces citations, de la variété de ces chapitres, allant des « scènes de la vie conjugale » d' Ingmar Bergman, à Proust « au grand Hôtel de Balbec », de Beethoven à Bizet, à Wagner, ou encore des « jeux de l'enfance dans l'écriture d'Albert Camus », à « la peinture en train de se faire » chez Rembrandt...
Et il ne s'agit nullement d'une énumération fortuite, hétéroclite, mais d'une visite guidée selon les associations d'idées de l'auteur. On a d'ailleurs pu se rendre compte de cette richesse lors de sa communication sur Venise lors des dernières Journées d'Automne, sur le thème général du « Ravissement ».
Je partage aussi son goût pour le transdisciplinaire, qui ressort lorsqu'il passe de la passion de Freud pour les arts, de Malraux pour son « musée imaginaire » (tout en le taxant de « fétichiste collectionneur d'objets contraphobiques »), de Picasso pour l'art africain et les « Mohaï » de l'île de Pâques, du tandem Leiris-Griaule pour les dogons etc.
Et l'auteur se met lui-même en question en discutant de la psychanalyse appliquée aux artistes ou aux œuvres, lorsqu'il parle du « psychobiographe, profanateur de sépulture », des « mises en perspective psychologisantes qui hérissaient déjà les poils de Proust », ou encore de Freud qui concluait : « La vérité biographique reste inaccessible ».
Jean-Gérald Veyrat. Ecrit le 16.05.2013
Page personnelle de l'auteur sur notre site
L'adolescent entre marge, art et culture. Une clinique des médiations de groupe. Emmanuelle Granier & Claude Sternis (Eds.)
Érès, 297 pages
Commander Broché 25 € e-book 16,99 €
Feuilleter un extrait
Voici un ouvrage collectif très complet qui sera indispensable à tous ceux et celles qui abordent le vaste domaine des médiations thérapeutiques, dont on sait les bienfaits qu'on peut en attendre, spécialement à l'adolescence, et spécialement chez les si nombreuses personnalités alexithymiques qu'on y rencontre.
Les auteurs sont soit psychanalystes, psychologues cliniciens, psychothérapeutes, soit animateurs de différentes médiations (dont notre ami Jean-Pierre Klein qui ne veut surtout pas qu'on le présente dans les groupes qu'il anime, comme « psychiatre »(ce qu'il est), mais comme... « auteur de théâtre » (ce qu'il est d'ailleurs aussi) .
Les différents chapitres, présentés comme un « tissage de témoignages et de réflexions qui en découlent » sont très variés, traitant aussi bien du jeu, de l'écriture, du chant, de la danse, de l'expression plastique, que du corps, et de l'organisation des maisons des adolescents.
Jean Gérald Veyrat. Ecrit le 16.05.2013
Commander Broché 25 € e-book 16,99 €
Feuilleter un extrait
Voici un ouvrage collectif très complet qui sera indispensable à tous ceux et celles qui abordent le vaste domaine des médiations thérapeutiques, dont on sait les bienfaits qu'on peut en attendre, spécialement à l'adolescence, et spécialement chez les si nombreuses personnalités alexithymiques qu'on y rencontre.
Les auteurs sont soit psychanalystes, psychologues cliniciens, psychothérapeutes, soit animateurs de différentes médiations (dont notre ami Jean-Pierre Klein qui ne veut surtout pas qu'on le présente dans les groupes qu'il anime, comme « psychiatre »(ce qu'il est), mais comme... « auteur de théâtre » (ce qu'il est d'ailleurs aussi) .
Les différents chapitres, présentés comme un « tissage de témoignages et de réflexions qui en découlent » sont très variés, traitant aussi bien du jeu, de l'écriture, du chant, de la danse, de l'expression plastique, que du corps, et de l'organisation des maisons des adolescents.
Jean Gérald Veyrat. Ecrit le 16.05.2013
Les chants diaboliques. Dr Jacqueline Verdeau-Paillès & Pr Michel Laxenaire.
Eds Fuzeau, 352 pages
Commander 18,00 €
Le Dr Jacqueline VERDEAU-PAILLES, psychiatre et musicothérapeute, publie là, en association avec le Pr Michel LAXENAIRE, également psychiatre et passionné d'opéra, un remarquable ouvrage. Celui-ci débute par une analyse de cette « Unheimlichkeit » Freudienne, en centrant un long chapitre sur les différentes représentations de la figure du Diable dans les avatars du répertoire de « Faust ». Possédés , morts-vivants (les fameux « nosferatu », les « non-morts », du cinéma fantastique), doubles maléfiques, vampires, « aliens » et autres fantômes... tout l'inquiétant « malleus maleficarum » y passe, ainsi que sa version plus plaisante des fées, des songes et des philtres, qu'il s'agisse de rêves, de délires, de magie. Bref, c'est un monde de « witches » et de « sorcers » (en comparaison de la langue française pauvre en sorciers) qui s'anime sous nos yeux , avec, pour terminer, un essai de symbolisation des notes, des accords, des instruments, des voix, qui s'avère passionnant, même pour des non initiés.
Analyse du Dr Jean-Gérald Veyrat, Président de la SFPE-AT
Ecrit le 17.05.2010
Commander 18,00 €
Le Dr Jacqueline VERDEAU-PAILLES, psychiatre et musicothérapeute, publie là, en association avec le Pr Michel LAXENAIRE, également psychiatre et passionné d'opéra, un remarquable ouvrage. Celui-ci débute par une analyse de cette « Unheimlichkeit » Freudienne, en centrant un long chapitre sur les différentes représentations de la figure du Diable dans les avatars du répertoire de « Faust ». Possédés , morts-vivants (les fameux « nosferatu », les « non-morts », du cinéma fantastique), doubles maléfiques, vampires, « aliens » et autres fantômes... tout l'inquiétant « malleus maleficarum » y passe, ainsi que sa version plus plaisante des fées, des songes et des philtres, qu'il s'agisse de rêves, de délires, de magie. Bref, c'est un monde de « witches » et de « sorcers » (en comparaison de la langue française pauvre en sorciers) qui s'anime sous nos yeux , avec, pour terminer, un essai de symbolisation des notes, des accords, des instruments, des voix, qui s'avère passionnant, même pour des non initiés.
Analyse du Dr Jean-Gérald Veyrat, Président de la SFPE-AT
Ecrit le 17.05.2010