Les art-thérapies. Edith Lecourt & Todd Lubart, Eds. .
Armand Colin, Psychologie, août 2017.
Commander Broché 29 €, Format Kindle 23,99€
L’ouvrage s’ouvre sur la liste des contributeurs, impressionnante de diversité, puisqu’ils sont tous engagés dans des médiations différentes qui vont des arts plastiques à la musicothérapie, en passant par la dramathérapie et la danse-thérapie, voire à l’interface de ces différentes disciplines.
Ils sont tous engagés dans des pratiques cliniques et d’emblée Todd Lubart situe l’art-thérapie comme une « application de la créativité dans un contexte de soin ».
Tout le projet du livre est là : montrer comment on peut définir, situer historiquement, installer le cadre des différentes art-thérapies en posant les concepts théoriques qui vont guider les pratiques — et aussi s’en dégager. Sans oublier la question de leur évaluation.
Le dernier chapitre est consacré à l’émergence d’un nouveau professionnel : l’art-thérapeute, sa formation, sa position dans la relation art-thérapeutique et aussi dans l’institution, son éthique.
Autant dire que ce livre est une somme de réflexions, de références et de pratiques ! Outil pour les art-thérapeutes, il sera aussi une information très complète pour tous ceux qui ont envie d’en savoir un peu plus sur l’art-thérapie.
J’ai tout de même un regret : Tous les contributeurs à cet ouvrage ont eu accès à une pratique en milieu de soin ; ils ont bénéficié d’une formation et parfois d’un beau parcours universitaire. Et nulle part il n’est fait référence au Dr Claude Wiart ! lui qui a montré l’exemple, à la suite du Pr Volmat, en implantant des ateliers d’art-thérapie à l’hôpital Sainte Anne à Paris dans les années 60, en soutenant les entreprises des premiers art-thérapeutes qui ont essaimé ensuite un peu partout en France. Lui encore qui s’est battu pour que l’université s’engage dans la formation des art-thérapeutes, à Paris VIII d’abord grâce au Pr Frank Popper, à Paris V ensuite. Je suis certaine qu’il serait très heureux de cette parution qui montre tous les développements qui ont suivi son action. Il mérite en tout cas qu’on se souvienne de lui, lui sans qui nous ne serions pas là, à continuer à réfléchir, en particulier grâce à ce livre.
Dr Béatrice Chemama-Steiner
Commander Broché 29 €, Format Kindle 23,99€
L’ouvrage s’ouvre sur la liste des contributeurs, impressionnante de diversité, puisqu’ils sont tous engagés dans des médiations différentes qui vont des arts plastiques à la musicothérapie, en passant par la dramathérapie et la danse-thérapie, voire à l’interface de ces différentes disciplines.
Ils sont tous engagés dans des pratiques cliniques et d’emblée Todd Lubart situe l’art-thérapie comme une « application de la créativité dans un contexte de soin ».
Tout le projet du livre est là : montrer comment on peut définir, situer historiquement, installer le cadre des différentes art-thérapies en posant les concepts théoriques qui vont guider les pratiques — et aussi s’en dégager. Sans oublier la question de leur évaluation.
Le dernier chapitre est consacré à l’émergence d’un nouveau professionnel : l’art-thérapeute, sa formation, sa position dans la relation art-thérapeutique et aussi dans l’institution, son éthique.
Autant dire que ce livre est une somme de réflexions, de références et de pratiques ! Outil pour les art-thérapeutes, il sera aussi une information très complète pour tous ceux qui ont envie d’en savoir un peu plus sur l’art-thérapie.
J’ai tout de même un regret : Tous les contributeurs à cet ouvrage ont eu accès à une pratique en milieu de soin ; ils ont bénéficié d’une formation et parfois d’un beau parcours universitaire. Et nulle part il n’est fait référence au Dr Claude Wiart ! lui qui a montré l’exemple, à la suite du Pr Volmat, en implantant des ateliers d’art-thérapie à l’hôpital Sainte Anne à Paris dans les années 60, en soutenant les entreprises des premiers art-thérapeutes qui ont essaimé ensuite un peu partout en France. Lui encore qui s’est battu pour que l’université s’engage dans la formation des art-thérapeutes, à Paris VIII d’abord grâce au Pr Frank Popper, à Paris V ensuite. Je suis certaine qu’il serait très heureux de cette parution qui montre tous les développements qui ont suivi son action. Il mérite en tout cas qu’on se souvienne de lui, lui sans qui nous ne serions pas là, à continuer à réfléchir, en particulier grâce à ce livre.
Dr Béatrice Chemama-Steiner
Manuel d’art-thérapie. Annie Boyer-Labrouche
Malakoff: Dunod, mars 2017, 160 p.
Commander Broché 23 €, eBook 15,99€
La première édition de l’ouvrage date de 1992. Celle-ci est la 4° édition et cela dit bien le succès de ce livre clair, simple, accessible qui aborde des problèmes complexes sans simplification. D’emblée la difficulté est annoncée : définir l ’art-thérapie se heurte à tous les paradoxes venus de la réunion des deux termes et dont le moindre n’est pas le fait que « la demande d’exercer l’art-thérapie vient des soignants, non des patients » même si historiquement c’est l’intérêt des psychiatres pour les créations spontanées de leurs patients qui est à l’origine de l’art-thérapie. Chercher un détour par d’autres termes qui spécifient l’objectif thérapeutique (thérapies médiatisées, psychothérapie par l’art…etc) n’écarte pas complètement la difficulté. Cela éviterait tout de même les dérives auxquelles nous assistons avec l’expansion incontrôlée de pratiques qui se réclament de l’art-thérapie sans en mesurer les dimensions cliniques et éthiques.
Annie Boyer Labrouche s’emploie à en délimiter le champ et les objectifs. De façon concise elle en rappelle l’historique et la départage de l’art brut, envisage les exemples dans les pays anglo-saxons, en Italie, au Canada, en montre les indications, décrit les particularités de l’espace de dialogue ouvert dans l’atelier et parcourt les concepts théoriques qui la soutiennent.
Et puis elle indique par toute une série d’exemples cliniques et institutionnels la nécessité du cadre, l’importance de la formation de l’art-thérapeute à la relation psychothérapeutique et en particulier son implication dans le transfert qui prend ici une forme particulière.
Une riche bibliographie complète cet ouvrage qui permettra aux futurs art-thérapeutes de s’orienter dans leur pratique, ainsi qu’une liste des formations auxquelles ils pourraient s’adresser.
Dr Béatrice Chemama-Steiner. Mars 2017
Commander Broché 23 €, eBook 15,99€
La première édition de l’ouvrage date de 1992. Celle-ci est la 4° édition et cela dit bien le succès de ce livre clair, simple, accessible qui aborde des problèmes complexes sans simplification. D’emblée la difficulté est annoncée : définir l ’art-thérapie se heurte à tous les paradoxes venus de la réunion des deux termes et dont le moindre n’est pas le fait que « la demande d’exercer l’art-thérapie vient des soignants, non des patients » même si historiquement c’est l’intérêt des psychiatres pour les créations spontanées de leurs patients qui est à l’origine de l’art-thérapie. Chercher un détour par d’autres termes qui spécifient l’objectif thérapeutique (thérapies médiatisées, psychothérapie par l’art…etc) n’écarte pas complètement la difficulté. Cela éviterait tout de même les dérives auxquelles nous assistons avec l’expansion incontrôlée de pratiques qui se réclament de l’art-thérapie sans en mesurer les dimensions cliniques et éthiques.
Annie Boyer Labrouche s’emploie à en délimiter le champ et les objectifs. De façon concise elle en rappelle l’historique et la départage de l’art brut, envisage les exemples dans les pays anglo-saxons, en Italie, au Canada, en montre les indications, décrit les particularités de l’espace de dialogue ouvert dans l’atelier et parcourt les concepts théoriques qui la soutiennent.
Et puis elle indique par toute une série d’exemples cliniques et institutionnels la nécessité du cadre, l’importance de la formation de l’art-thérapeute à la relation psychothérapeutique et en particulier son implication dans le transfert qui prend ici une forme particulière.
Une riche bibliographie complète cet ouvrage qui permettra aux futurs art-thérapeutes de s’orienter dans leur pratique, ainsi qu’une liste des formations auxquelles ils pourraient s’adresser.
Dr Béatrice Chemama-Steiner. Mars 2017
Ruines. Perrine Le Querrec
Ed. Tinbad Poésie
Postface de Manuel Anceau
Commander $26.54
Unica Zürn. Hans Bellmer. Une rencontre qui ne laissa derrière elle que « ruines ». Une intimité sans doute excessive qui noua le destin tragique de Unica Zürn et de Hans Bellmer, à jamais suspendue : « Mon amour te suivra dans l’éternité ». C’est la phrase que Hans Bellmer fit graver sur la tombe d’Unica après le saut dans le vide, ou plutôt l’envol, qui en arrêta le temps. Le livre part de cette inscription.
L’intime est au coeur de l’écriture de Perrine Le Querrec et ce livre contribue comme par avance au thème de nos prochaines journées d’automne. Elle réussit l’exploit de rendre poétiquement visible ce qui reste habituellement caché, voire relégué dans les indicibles de liens inscrits dans l’intimité psychique de ceux qui s’y sont engagés. Il en reste dans le livre des « noirs » qui témoignent d’un impossible à dire, d’un reste inatteignable. Et des mots rayés par l’ambivalence du sujet pris dans l’impasse de sa raison, contredit par l’irrationnel d’un désir, le sien d’être prisonnier de l’autre. Une typographie très particulière participe à notre lecture : elle bute sans cesse sur le mur en bout de ligne et se suspend au rythme des noirs qui l’arrêtent. Lecture haletante, qui cherche son souffle sachant le drame inéluctable.
Perrine Le Querrec s’approche au plus près de cette mauvaise rencontre entre deux univers fantasmatiques inscrits dans les oeuvres de ces deux artistes; Unica désarticule la langue dans les anagrammes, et Hans disloque les corps de ses « poupées ». Tous deux sont en quête d’un réel qui aurait le visage de la vérité et ne leur offre que la monstruosité des chimères.
Elle n’a pas ménagé sa propre subjectivité, engageant sa propre intimité dans une proximité avec Unica « portée par sa fragilité, forcée par le respect de ces personnalités balayées par de trop grands vents ».
Dr Béatrice Chemama-Steiner. Avril 2017
Postface de Manuel Anceau
Commander $26.54
Unica Zürn. Hans Bellmer. Une rencontre qui ne laissa derrière elle que « ruines ». Une intimité sans doute excessive qui noua le destin tragique de Unica Zürn et de Hans Bellmer, à jamais suspendue : « Mon amour te suivra dans l’éternité ». C’est la phrase que Hans Bellmer fit graver sur la tombe d’Unica après le saut dans le vide, ou plutôt l’envol, qui en arrêta le temps. Le livre part de cette inscription.
L’intime est au coeur de l’écriture de Perrine Le Querrec et ce livre contribue comme par avance au thème de nos prochaines journées d’automne. Elle réussit l’exploit de rendre poétiquement visible ce qui reste habituellement caché, voire relégué dans les indicibles de liens inscrits dans l’intimité psychique de ceux qui s’y sont engagés. Il en reste dans le livre des « noirs » qui témoignent d’un impossible à dire, d’un reste inatteignable. Et des mots rayés par l’ambivalence du sujet pris dans l’impasse de sa raison, contredit par l’irrationnel d’un désir, le sien d’être prisonnier de l’autre. Une typographie très particulière participe à notre lecture : elle bute sans cesse sur le mur en bout de ligne et se suspend au rythme des noirs qui l’arrêtent. Lecture haletante, qui cherche son souffle sachant le drame inéluctable.
Perrine Le Querrec s’approche au plus près de cette mauvaise rencontre entre deux univers fantasmatiques inscrits dans les oeuvres de ces deux artistes; Unica désarticule la langue dans les anagrammes, et Hans disloque les corps de ses « poupées ». Tous deux sont en quête d’un réel qui aurait le visage de la vérité et ne leur offre que la monstruosité des chimères.
Elle n’a pas ménagé sa propre subjectivité, engageant sa propre intimité dans une proximité avec Unica « portée par sa fragilité, forcée par le respect de ces personnalités balayées par de trop grands vents ».
Dr Béatrice Chemama-Steiner. Avril 2017
La construction. Perrine Le Querrec. Alexandra Sand (Illustrations)
Editions art&fiction, 2019
Commander 57,29 €
Quel livre !!
Son titre La Construction dit bien ce qu’il veut dire, sauf que le lecteur ne s’attend pas à devoir être le constructeur de sa propre lecture. Certes il s’agit bien du journal tenu par l’architecte chargé de la construction d’un hôpital psychiatrique. Mais il se présente sur un plan plié et la succession des pages qui habituellement conduit notre lecture est ici mise à mal : à nous de plier, de déplier et de reconstruire la suite des jours de cette construction, au gré de nos rencontres avec les textes sensibles de Perrine Le Querrec. Sensibles, mais très documentés — et quelle n’a pas été ma surprise de découvrir que tout au long du 19° siècle la construction des hôpitaux s’est faite avec une précision incroyable de tous les détails, une argumentation de chacun des choix qui vont du volume d’air nécessaire et de sa charge en CO2, à la dimension des portes, aux systèmes des serrures qui doivent répondre à toutes sortes d’impératifs, à la taille des ouvertures pour la lumière..etc.
L’autre surprise, c’est le choc émotionnel : au fil des pages, je me suis souvenue de tout ce que j’avais vu à l’hôpital et mis sans doute dans un coin de ma mémoire sans les penser dans un lien avec l’architecture: la déambulation dans les couloirs, les arrêts, parfois incompréhensibles, sur la petite fissure d’un mur par exemple, devant le mur du fond dont la butée semble sans retour possible, les regards qui dépassent la vue et semblent « perdus »…
L’architecte ici entreprend son archéologie personnelle face à l’architecture qu’il conçoit. Et Perrine Le Querrec réfère sa construction, non à des architectes, mais plutôt à Jean Oury et à Fernand Deligny.
Un livre qu’on peut lire très longtemps : plus d’un million de combinaisons possibles des plis et des replis …sans compter l’infini de nos propres associations !
Commander 57,29 €
Quel livre !!
Son titre La Construction dit bien ce qu’il veut dire, sauf que le lecteur ne s’attend pas à devoir être le constructeur de sa propre lecture. Certes il s’agit bien du journal tenu par l’architecte chargé de la construction d’un hôpital psychiatrique. Mais il se présente sur un plan plié et la succession des pages qui habituellement conduit notre lecture est ici mise à mal : à nous de plier, de déplier et de reconstruire la suite des jours de cette construction, au gré de nos rencontres avec les textes sensibles de Perrine Le Querrec. Sensibles, mais très documentés — et quelle n’a pas été ma surprise de découvrir que tout au long du 19° siècle la construction des hôpitaux s’est faite avec une précision incroyable de tous les détails, une argumentation de chacun des choix qui vont du volume d’air nécessaire et de sa charge en CO2, à la dimension des portes, aux systèmes des serrures qui doivent répondre à toutes sortes d’impératifs, à la taille des ouvertures pour la lumière..etc.
L’autre surprise, c’est le choc émotionnel : au fil des pages, je me suis souvenue de tout ce que j’avais vu à l’hôpital et mis sans doute dans un coin de ma mémoire sans les penser dans un lien avec l’architecture: la déambulation dans les couloirs, les arrêts, parfois incompréhensibles, sur la petite fissure d’un mur par exemple, devant le mur du fond dont la butée semble sans retour possible, les regards qui dépassent la vue et semblent « perdus »…
L’architecte ici entreprend son archéologie personnelle face à l’architecture qu’il conçoit. Et Perrine Le Querrec réfère sa construction, non à des architectes, mais plutôt à Jean Oury et à Fernand Deligny.
Un livre qu’on peut lire très longtemps : plus d’un million de combinaisons possibles des plis et des replis …sans compter l’infini de nos propres associations !
Dr Béatrice Chemama-Steiner